Crise du marché mondial des céréales Le Maroc fait face à une nouvelle « tempête de blé
Le Maroc se trouve à nouveau confronté à une perturbation majeure du marché mondial du blé, avec une baisse historique des stocks internationaux, selon les dernières prévisions du ministère américain de l’agriculture (USDA), menaçant d’une forte hausse des prix qui affectera l’équilibre alimentaire et le pouvoir d’achat des Marocains.
Baisse de la production mondiale, maintien de la demande
Selon le Bilan mondial de l’offre et de la demande agricole d’août 2025, la production mondiale de blé devrait atteindre 789,8 millions de tonnes, soit une baisse de 2,1 millions de tonnes par rapport aux prévisions de juillet, tandis que la consommation se maintient à 801,6 millions de tonnes, ce qui crée un écart croissant entre l’offre et la demande.
Selon les estimations, les stocks mondiaux de fin de campagne devraient tomber à 256,2 millions de tonnes, soit le niveau le plus bas depuis la saison 2016/17, ce qui accroît la pression sur les pays importateurs, dont le Maroc, et ouvre la voie à une nouvelle hausse des prix.
Le Maroc et le maintien de sa dépendance à l’égard des importations
Le blé, en particulier le blé tendre, est un aliment de base du régime alimentaire marocain, couvrant plus de la moitié de la consommation nationale. Avec une faible récolte nationale due à la sécheresse et au manque de précipitations, le Maroc continue de dépendre du marché étranger pour répondre à ses besoins.
Les importations de blé du Maroc au cours de la saison 2025/2026 devraient atteindre 7,5 millions de tonnes, soit une augmentation par rapport à la saison précédente, selon les données du Service agricole étranger de l’USDA.
Facture plus lourde et volatilité non calculée
Cette hausse des importations risque d’entraîner une augmentation significative de la facture des importations, d’autant plus que l’offre des principaux exportateurs, tels que l’Union européenne et la Russie, se resserre. Cette situation survient alors que la demande intérieure reste stable ou augmente, sous l’effet de la croissance démographique et des besoins de l’industrie alimentaire.
Changements dans la composition des importations
Les données de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL) indiquent une nette redistribution de la composition des importations de céréales au cours de la période allant de janvier à juillet 2025 :
- Les importations de blé dur augmentent de 24 % (à 825 789 tonnes)
- Importations de blé tendre en baisse de 16 % (à 2,63 millions de tonnes)
- Les importations d’orge chutent de 58
- En revanche, les achats de produits dérivés tels que la torte de colza (+235 %) et la pulpe de betterave (+41 %) ont augmenté.
Malgré cette diversification, les importations totales de céréales ont diminué de 11 % pour atteindre 5,8 millions de tonnes, dans un contexte d’évolution de l’offre internationale et de pressions sur les prix.
D’autres marchés sont également menacés
L’avertissement du rapport de l’USDA ne se limitait pas au blé, mais s’étendait à d’autres céréales telles que l’orge et le maïs, qui sont essentielles à l’alimentation animale. Le rapport note également que les perspectives pour la récolte de riz ont diminué, ce qui pourrait exacerber les défis alimentaires du Maroc à l’avenir.
La sécurité alimentaire au premier plan
Face à ce paysage volatile, la question de la sécurité alimentaire nationale est revenue sur le devant de la scène. Il est devenu nécessaire de diversifier les sources d’approvisionnement entre l’Europe, la région de la mer Noire et l’Amérique du Nord, et d’accélérer la réforme du système agricole national :
- Moderniser les chaînes de production céréalière
- Extension des zones irriguées
- Diversifier les cultures
Des mesures stratégiques pour réduire la dépendance et renforcer la résistance aux chocs du marché mondial.
