Le réseau met en garde contre l’augmentation du nombre de sans-abri et des abus psychologiques au Maroc et appelle à une intervention urgente

Le Réseau marocain pour la défense du droit à la santé et du droit à la vie a adressé un appel urgent au gouvernement marocain, représenté par le ministère de la Santé et de la Protection sociale, le ministère de la Solidarité et de l’Intégration sociale et les ministères de l’Intérieur et de la Justice, concernant le phénomène croissant des sans-abri parmi les patients psychiatriques dans un certain nombre de villes marocaines.
Augmentation alarmante des agressions liées à des troubles mentaux
Dans un rapport officiel, le réseau met en garde contre la multiplication des agressions commises par des malades mentaux dans les lieux publics, qui entraînent parfois la mort ou provoquent des handicaps permanents. Selon ses statistiques, environ 425 agressions ont été enregistrées en 2024, un chiffre inquiétant, surtout au moment où le Royaume s’apprête à accueillir de grands événements internationaux et à dynamiser son site touristique.
L’agression à l’arme blanche d’un policier dans la ville d’Imouzar le 22 août par un sans-abri souffrant de troubles mentaux est l’un des cas les plus marquants qui a incité le réseau à émettre cette mise en garde.
Dysfonctionnement structurel du système de santé mentale
Le rapport souligne que la situation actuelle est le résultat direct de la faiblesse du système de santé mentale et de l’accumulation des crises sociales et économiques, y compris les taux élevés de pauvreté et de chômage, et la consommation généralisée de drogues et de substances psychotropes. Il souligne également que le nombre de psychiatres au Maroc ne dépasse pas 700 médecins et que les infirmiers psychiatriques ne sont qu’environ 1 700, compte tenu du faible budget alloué au traitement psychiatrique et à la lutte contre la toxicomanie.
Le réseau a signalé que les établissements de santé pour le traitement psychiatrique sont concentrés uniquement dans les grandes villes, tandis que les hôpitaux d’urgence sont surpeuplés et manquent de ressources, ce qui a une incidence négative sur la qualité des services.
Pénuries de médicaments et législation obsolète
Le rapport souligne les prix élevés des médicaments psychiatriques et leur disparition de certaines pharmacies et hôpitaux, ce qui conduit à l’interruption du traitement pour un certain nombre de patients. Le rapport note également que le droit marocain s’appuie toujours sur le Dahir de 1959 relatif aux maladies mentales, après le retrait du projet de loi 13-71 en 2023, ce qui, selon le rapport, reflète l’absence d’une réelle vision de réforme de la part du gouvernement.
Appel urgent à une réforme radicale et globale
Le réseau a appelé le gouvernement à :
- Accroître l’investissement dans la santé mentale
- Augmenter le budget du secteur et recruter du personnel médical spécialisé
- Création de centres régionaux pour l’hébergement et la réinsertion des patients psychiatriques sans-abri
- De nouvelles lois pour protéger les droits des patients et prévenir les abus
- Révision des prix des médicaments et gratuité pour les groupes vulnérables
- Lancement de campagnes nationales pour lutter contre la stigmatisation des maladies mentales
- Des sanctions plus sévères pour les trafiquants de drogue
Soutenir le personnel de sécurité et demander à l’État de rendre des comptes
Le réseau a salué la position humanitaire de la Direction générale de la sécurité nationale et sa sollicitude à l’égard des familles des policiers blessés, mais a regretté l’incapacité du gouvernement à protéger les citoyens, soulignant que le fait d’admettre que le crime a été commis par un psychopathe n’exonère pas l’État de ses responsabilités légales et constitutionnelles.
En conclusion de son rapport, le réseau a affirmé sa détermination à continuer à surveiller les conditions de santé et à faire pression pour l’adoption de politiques publiques équitables qui préservent la dignité des personnes atteintes de maladies mentales et protègent la société de l’escalade des risques.