Culture et société

La participation de l’ensemble Al-Bassat à « Aita Belady » met à l’honneur le patrimoine immatériel du Maroc sous une forme théâtrale innovante.

La troupe « Al-Bassat », dirigée par l’artiste marocaine Mounia Lemkemel, a participé à la première édition du projet « Aytta Baladi », dans une expérience artistique considérée comme une première sur la scène nationale, associant le théâtre et l’art de l’Aytta dans une combinaison créative qui vise à célébrer le patrimoine immatériel du Maroc et à mettre en valeur son esthétique sous une forme moderne sans compromettre son originalité et ses racines populaires.

Une combinaison théâtre/chanson qui célèbre l’identité marocaine

En participant à ce projet, la troupe Al-Bassat a tenu à présenter trois pièces inspirées de symboles forts de l’imaginaire populaire marocain. Ces pièces se présentent sous la forme de vaudevilles qui combinent le jeu, le chant et la récitation pour proposer une lecture contemporaine de figures historiques et mythologiques solidement ancrées dans la mémoire collective.

Les trois spectacles présentés dans le cadre du programme « Ayta Baladi » sont les suivants :

  • « Nairia », qui incarne l’image de la femme marocaine forte et résistante.
  • « Abu al-Abbas al-Sabti, qui symbolise les valeurs de générosité et de mysticisme.
  • « Kharboushaest la voix de la résistance, du défi, de l’audace et de la liberté.

Ces performances ont été très appréciées par le public du complexe Mohammed V qui, pendant le tournage du projet, a été transformé en un espace vivant qui recrée l’atmosphère du « ring » marocain avec ses rituels festifs particuliers.

La nouvelle expérience télévisuelle de Mounia Lemkemel

L’actrice Mounia Lemkemel, qui a dirigé les représentations, a expliqué que l’équipe du programme l’a approchée pour lui proposer une pièce de théâtre d’histoires liées au yata en ouverture de chaque soirée, ajoutant qu’elle a aimé l’idée dès le début parce qu’elle représentait sa première expérience de direction de représentations théâtrales pour la télévision, après des années de travail dans les coulisses en tant qu’assistante à la mise en scène dans un certain nombre de productions théâtrales.

Elle a expliqué à Hespress que le projet a commencé par la sélection des trois histoires sur lesquelles l’œuvre sera basée, avant de passer à la phase d’écriture, qui s’est transformée en un atelier ouvert de recherche et de documentation, notamment grâce à la présence de l’écrivain et chercheur en art de l’Aita, Hassan Najmi, que l’équipe de production a mis à sa disposition pour garantir l’exactitude des données historiques relatives aux personnages et aux faits.

Elle a expliqué que l’équipe de scénaristes terminait les premières ébauches des scènes, puis les soumettait à Hassan Najmi pour qu’il les corrige et les examine, afin de s’assurer que le contexte historique est respecté et qu’aucun événement ou détail non justifié n’est introduit, tout en laissant la place à la liberté de la vision artistique dans la construction dramatique et la direction.

Chorégraphie et utilisation du corps comme élément clé de la peinture

Mounia Lemkemel a également souligné que le travail sur le mouvement n’était pas un détail mineur, mais plutôt une étape cruciale dans la construction des pièces de théâtre. Elle a expliqué que le choix du chorégraphe Zachariah Manan pour signer les mouvements expressifs s’explique par le fait qu’il est conscient de la spécificité de ce type de projet où se croisent musique folklorique et théâtre.

Elle a ajouté qu’elle avait demandé à Manan de concevoir une chorégraphie d’ouverture et de clôture basée sur une performance physique théâtrale, loin des formes traditionnelles de danse directe, qui donnaient aux spectacles un caractère visuel distinctif, plus proche des formations artistiques qui sont construites sur l’harmonie du mouvement, du rythme, de la couleur et du son en même temps. Le résultat est une riche palette visuelle qui s’inspire du patrimoine sans l’imiter littéralement.

L’interaction avec le public et l’accent mis sur le mélange d’authenticité et de créativité

L’artiste marocaine s’est déclarée très heureuse de l’interaction que cette expérience a suscitée auprès du public, tant à l’intérieur du complexe Mohammed V pendant le tournage qu’à travers les commentaires reçus par l’équipe par la suite, notant que les spectateurs se sont trouvés face à une formule artistique qui mêle l’authenticité du patrimoine folklorique à l’esprit de la créativité moderne, et qui présente l’art d’Aytta dans un cadre théâtral différent de ce à quoi le public est habitué.

Elle a également exprimé sa fierté quant au choix d’Al-Bassat pour ces représentations, rappelant que sa relation avec la troupe remonte à ses années de lycée et au début du nouveau millénaire, lorsque s’est formé le noyau de ce groupe théâtral qui, par la suite, a représenté le Maroc lors d’événements nationaux et internationaux et a remporté plusieurs prix.

Ensemble Al-Bassat : Forte présence au théâtre, présence limitée à la télévision

Mme Lemkemel a expliqué que les membres de la troupe – acteurs, chanteurs et musiciens – ont un équilibre artistique respectable et une expérience importante sur la scène théâtrale, mais elle estime que la troupe n’a pas encore atteint le statut qu’elle mérite au niveau de la production télévisuelle, malgré sa longue expérience sur scène.

Pour elle, ce projet a été l’occasion de se rapprocher d’un large public par le biais de la télévision et de mettre en évidence la capacité des compagnies théâtrales marocaines à présenter des performances artistiques intégrées qui tiennent compte des exigences du média télévisuel sans compromettre l’esprit du théâtre en direct.

Centre Mohammed V De la scène au ring

Outre l’aspect artistique et technique, Mounia Lemkemel a souligné que la nature du complexe Mohammed V, avec son espace spacieux et sa forme qui évoque le design du théâtre romain, a permis de traiter les spectacles comme s’ils étaient présentés dans un « ring » populaire ouvert.

Ce choix de gestion de l’espace a permis de créer une relation directe et vivante avec le public et de renforcer son interaction avec les détails de l’œuvre, les spectateurs se retrouvant partie intégrante de l’atmosphère et non plus seulement spectateurs distants.

Mode et accessoires au cœur du patrimoine marocain

Mounia Lemkemel a souligné que l’équipe a porté une attention particulière à la sélection des costumes et des accessoires, en s’appuyant sur des pièces inspirées du patrimoine marocain authentique, tout en mettant en valeur les produits de l’industrie traditionnelle dans le respect de l’esthétique des détails historiques.

Elle a estimé que l’expérience d' »Ayta Baladi » était différente et distincte à tous les niveaux, qu’il s’agisse de la forme, du contenu ou de la présentation, et a exprimé l’espoir qu’une expérience similaire se répète à l’avenir, car l’idée du théâtre d’histoires d’Ayta est, selon elle, une idée novatrice et unique sur la scène artistique marocaine, et mérite d’être développée et élargie dans les cycles et projets à venir.

Karim Boukhris

بوقريس كريم صحفي متخصص في كرة القدم، ويملك خبرة تمتد لسبع سنوات في مجال الصحافة الرياضية المغربية. تعاون مع وسائل إعلام مثل "لو ماتان سبور"، "أطلس فوت" و"راديو ماروك سبور"، وينشر تحليلات تكتيكية وتقارير معمقة حول كرة القدم المغربية، مع تركيز خاص على المنتخبات الوطنية.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page