Le Maroc appelle les partenaires internationaux à soutenir les initiatives africaines d’aide aux victimes du terrorisme
Appel du Maroc à mobiliser le soutien international en faveur des victimes
Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Expatriés marocains, M. Nasser Bourita, a affirmé, mardi à Rabat, que le Royaume appelle ses partenaires internationaux à s’engager fortement dans l’appui aux initiatives africaines de soutien aux victimes du terrorisme et à financer les mécanismes innovants dans ce domaine, notamment les réseaux continentaux et les plateformes numériques qui leur sont dédiés.
Les remarques de M. Bourita ont été faites lors de la séance d’ouverture de la première conférence internationale pour les victimes africaines du terrorisme, organisée par le ministère en partenariat avec le Bureau des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT). Cet événement continental est une occasion exceptionnelle de capitaliser sur la diversité des expériences et de l’expertise africaines pour développer une compréhension plus précise des besoins des victimes et des survivants, permettant la formulation progressive d’un cadre africain commun pour informer les politiques publiques à long terme, a-t-il déclaré.
De la reconnaissance des victimes à leur implication en tant qu’acteurs clés
Le ministre a souligné qu’il est temps de dépasser progressivement la logique de la simple reconnaissance symbolique de la souffrance des victimes, en soulignant qu’elles « n’ont pas seulement besoin de mots de solidarité », mais qu’elles doivent être considérées comme un élément essentiel du système de prévention et avoir une voix forte dans la formulation des politiques nationales et régionales visant à les soutenir économiquement et socialement.
Dans son diagnostic de la situation, M. Bourita a rappelé que le continent africain est aujourd’hui la région la plus touchée par le fléau mondial du terrorisme, expliquant qu’en 2025, la région de l’Afrique de l’Ouest a connu à elle seule environ 450 attaques terroristes qui ont coûté la vie à plus de 1 900 personnes. La région du Sahel, en particulier, est devenue un épicentre majeur en termes de nombre d’opérations terroristes, de nombre de victimes et d’ampleur de l’insécurité et de l’instabilité, a-t-il ajouté.
Pour souligner l’impact humain profond de ce phénomène, il a déclaré
« Le terrorisme en Afrique, c’est une école fermée par peur, des élèves enlevés et détenus, un village abandonné, un enfant qui perd ses parents, une jeune femme qui n’a pas accès à l’éducation, une famille qui perd ses moyens de subsistance ».
Il a noté que le terrorisme ne peut être considéré comme un événement passager, mais plutôt comme un processus systématique visant à déchirer le tissu social, à affaiblir les économies locales et à instiller des sentiments de désespoir et un manque de confiance dans l’avenir au sein des communautés touchées.
La conférence s’inscrit dans le prolongement des choix stratégiques de la politique étrangère marocaine.
M. Bourita a souligné que l’accueil par Rabat de cette conférence internationale n’est pas une initiative isolée, mais s’inscrit dans le contexte naturel des choix stratégiques du Royaume en matière de politique étrangère sous la conduite visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste. Cet événement est une concrétisation de la vision royale basée sur la consolidation de la solidarité afro-africaine et la transformation du continent en un espace de coopération et d’intégration plutôt qu’en un théâtre de crises, a-t-il dit.
Dans le cadre de sa stratégie nationale globale de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, le Maroc a adopté une approche intégrée basée sur trois dimensions interconnectées, a-t-il déclaré :
- La dimension sécuritaire, en renforçant les capacités de repérage et de prévention et en démantelant les réseaux.
- La dimension du développement, en investissant dans l’amélioration des conditions économiques et sociales dans les zones fragiles.
- La dimension religieuse et intellectuelle, en diffusant un discours modéré et centriste, en améliorant l’encadrement du champ religieux et en luttant contre les discours de haine et l’extrémisme.
Vers une vision africaine unifiée des droits et du rôle des victimes
L’objectif central de cette conférence est de construire une vision africaine commune qui fasse des victimes un élément clé des politiques adoptées, en adoptant une approche qui les considère comme des acteurs clés dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, et en transformant leurs expériences et leurs souffrances en un atout humanitaire et de connaissance qui peut établir un « langage africain commun » dans le traitement des questions relatives aux victimes, à l’indemnisation et à la réintégration.
Bourita a noté que le bureau de Rabat du programme des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique est une plateforme régionale essentielle dans ce domaine, car il dispose d’importants programmes techniques et d’une expertise en matière de réintégration et de prévention de l’extrémisme, qui peuvent être étendus pour inclure également un soutien direct aux victimes, en leur permettant d’accéder à des mécanismes de soutien psychosocial et juridique.
La séance d’ouverture de la conférence s’est déroulée en présence du sous-secrétaire général des Nations unies et chef du bureau de Rabat du programme des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique, Alexander Zweif, ainsi que d’un certain nombre de ministres africains, en particulier ceux des pays du Sahel, de représentants d’organisations régionales, d’experts internationaux et d’associations représentant les victimes africaines, ce qui témoigne de l’intérêt croissant pour leur donner une voix dans le débat international sur la lutte contre le terrorisme.
