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Sahara marocain : L’Internationale socialiste se rapproche de l’option autonomie

Lors de sa récente réunion à Malte, le Conseil de l’Internationale socialiste a assisté à un changement qualitatif dans sa gestion de la question du Sahara, après que le Comité Afrique ait adopté à l’unanimité, pour la première fois, une position qui considère la résolution 2797 du Conseil de sécurité comme une base pour un règlement politique « juste et durable ». La délégation du PSUF a présenté ce développement comme un tournant diplomatique important, après de nombreuses années au cours desquelles les équilibres internes de l’organisation ont été caractérisés par une position statique sur le conflit.

Le Conseil de l’Internationale socialiste s’est tenu les 27 et 28 novembre 2025 à Malte, où ce changement a été clairement enregistré dans la déclaration politique publiée par la Commission Afrique, qui a salué « l’opportunité présentée par la résolution 2797 du Conseil de sécurité des Nations unies » comme une base possible pour forger un consensus international en faveur d’une solution politique « juste et durable ». Cette résolution, adoptée le 31 octobre 2025 à New York, réaffirme la primauté d’une approche réaliste et pragmatique et appelle les parties concernées à s’engager dans un nouveau processus de négociation basé sur l’initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine.

Un vote exceptionnel et un front politique élargi

Cette nouvelle voie est clairement soulignée par Khawla Lachkour, vice-présidente de l’Internationale socialiste et membre du bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires. Dans une déclaration au journal Le Matin, elle souligne « l’importance de ce vote unanime au sein de la Commission Afrique, où historiquement certaines positions ont été caractérisées par une extrême réticence, voire une hostilité ». Elle estime que l’obtention de ce consensus n’est pas le fruit d’un coup de tête, mais le résultat d’un travail cumulatif de longue haleine, explique-t-elle :
« Avant la réunion de Malte, nous avons tenu des consultations avec plusieurs parties africaines, européennes et latino-américaines pour expliquer en détail ce que représente la résolution 2797 : Son contenu, sa portée et, surtout, sa capacité à relancer un processus longtemps bloqué. »

Mme Lashkoor estime que ce qui s’est passé à Malte reflète également un changement plus profond dans les convictions d’un certain nombre de partis au sein de l’Internationale socialiste, affirmant que de nombreux partis ont reconnu qu' »il n’est plus possible de rester sur des positions héritées des années 1980″, en particulier après l’évolution du contexte international et le changement de l’équilibre des pouvoirs au niveau régional. Selon elle, la résolution 2797 incarne cette « nouvelle réalité » et « la majorité a reconnu la nécessité de s’y conformer ».

Elle explique également que la délégation de l’Union socialiste a tenu à souligner les dimensions régionales du texte :
« Nous avons souligné que la stabilité au Sahara n’est pas seulement une question bilatérale. Elle est essentielle pour la sécurité du Sahel, la gestion des migrations en Méditerranée, et même la reprise économique au Maghreb. Cet argument a fait mouche, même auprès de délégations habituellement frileuses ».

Un changement stratégique au cœur de l’Internationale socialiste

L’adoption de cette nouvelle approche n’est pas seulement perçue comme un changement dans le traitement de la question du Sahara, mais aussi comme un mouvement stratégique au sein d’une des familles politiques les plus en vue dans le monde, selon le Dr Maciej El Karkari, membre du Bureau politique de l’Union socialiste et membre du Comité d’éthique de l’Internationale socialiste.

Selon lui, le poids de ce vote est lié à la taille et à l’influence de l’organisation elle-même :
« L’Internationale socialiste reste l’un des plus grands groupes politiques au monde. Lorsqu’elle modifie sa position, elle influence naturellement les partis membres et, en fin de compte, l’opinion publique et les politiques nationales dans plusieurs régions. Il ne s’agit pas d’un geste symbolique : il a un effet d’entraînement ».

Les jours précédant le vote, plusieurs délégations ont manifesté un intérêt accru pour le modèle marocain proposé, indique M. Al Karkari :
« Nous avons discuté avec des représentants de pays qui ont déjà mis en place des systèmes d’autonomie régionale, dont certains sont très avancés. Pour eux, l’idée d’un plan d’autonomie est loin d’être abstraite. Ils sont pleinement conscients du type d’équilibre institutionnel qu’il représente. Leur interprétation de la résolution 2797 est donc très concrète ».

Cette convergence de vues, explique-t-il, a contribué à préparer le terrain pour un repositionnement au sein de l’Internationale socialiste, de sorte que la résolution 2797 a été perçue comme une traduction de l’approche pragmatique du Conseil de sécurité :
« La résolution 2797 consacre l’approche pragmatique du Conseil de sécurité et, dans ce cadre, le plan d’autonomie marocain constitue une base sérieuse et crédible pour les négociations. Cela a été explicitement reconnu par de nombreuses parties ».

Des conflits chroniques aux priorités de développement

L’évaluation du Dr Al-Karkari va au-delà de la dimension purement diplomatique pour inclure un angle plus large lié à la gestion de l’agenda politique et économique de la région. Il considère que ce vote contribue à mettre un terme à une longue phase d’usure politique :
« Ce vote permet de tourner la page. Il est temps de dépasser cette saga et de réorienter l’énergie collective vers les vraies priorités : Le développement interne de l’Arabie saoudite, l’intégration régionale et la stabilité économique. Tant que cette question est restée en suspens, une partie de notre agenda a été paralysée ».

Pour lui, la nouvelle position de l’Internationale socialiste ouvre un espace politique différent, car la mise à jour de la lecture internationale du conflit par des organisations au poids significatif contribue à faire baisser le niveau de tension et donne aux acteurs une plus grande marge d’action :
« Lorsque les grandes organisations internationales actualisent leur compréhension du conflit, elles contribuent à apaiser les tensions et à clarifier les perspectives. Cela permet d’avancer sur des projets clés. Le vote de Malte s’inscrit dans cette logique ».

Le Maghreb et l’intégration régionale au centre du débat

La nouvelle déclaration adoptée à Malte ne se limite pas à la seule dimension du Sahara, mais aborde également la nécessité de relancer le projet d’intégration maghrébine, en appelant à la reprise de négociations sérieuses entre les parties, et en réintroduisant la question de l’intégration régionale dans les priorités de la région, en tant que condition préalable à « la paix, au développement et à la prospérité des peuples ».

Cette formulation reflète implicitement la conviction croissante que la poursuite du conflit perturbe toute dynamique de coopération réelle en Afrique du Nord, un constat partagé depuis longtemps par de nombreux acteurs économiques et politiques.

Dans le même contexte, la première présence du mouvement Sahraouis pour la paix, qui a récemment rejoint les rangs de l’Internationale socialiste, a suscité une attention considérable. Pour un certain nombre d’observateurs, cette ouverture est le signe d’un changement dans la carte de la représentation des voix sahraouies au sein des instances internationales, et d’un déclin progressif du rôle du Front Polisario en tant qu’acteur unique dans le débat sur la question.

Au-delà du Sahara : Un programme plus large pour l’Internationale socialiste

Outre la question du Sahara, le Conseil de l’Internationale socialiste à Malte a abordé d’autres tensions sur le continent africain, notamment la crise au Soudan, les tensions entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, ainsi que les signes de régression démocratique dans un certain nombre de pays.

Dans ce contexte, la Commission Afrique a souligné l’importance de consolider l’État de droit, de respecter les textes constitutionnels et d’assurer des transitions politiques pacifiques, tout en mettant en garde contre les risques de fragmentation régionale si ces transitions ne sont pas accompagnées de garanties institutionnelles fortes.

Pour sa part, l’Union socialiste des forces populaires, par l’intermédiaire de ses représentants, a déclaré son engagement à œuvrer pour consolider cette nouvelle position en faveur de l’approche marocaine au sein des autres organes de l’Internationale socialiste, notamment au sein des comités Méditerranée, Éthique et Égalité des genres, qui se sont également réunis à Malte.

Khawla Lashkoor conclut en résumant ce qui nous attend, en soulignant que le chemin à parcourir ne fait que commencer :
« Le travail ne fait que commencer. Cette position adoptée est un point de départ. Il faut maintenant la soutenir dans le temps ».

Karim Boukhris

بوقريس كريم صحفي متخصص في كرة القدم، ويملك خبرة تمتد لسبع سنوات في مجال الصحافة الرياضية المغربية. تعاون مع وسائل إعلام مثل "لو ماتان سبور"، "أطلس فوت" و"راديو ماروك سبور"، وينشر تحليلات تكتيكية وتقارير معمقة حول كرة القدم المغربية، مع تركيز خاص على المنتخبات الوطنية.

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