L’Afrique peut-elle financer son avenir sans l’aide de l’Occident ? Le Maroc mise sur l’indépendance financière du continent.

À l’heure où le système traditionnel d’aide au développement s’effondre et où les défis climatiques, démographiques et économiques s’intensifient, l’Afrique se fixe un objectif ambitieux : Financer son propre développement avec ses propres ressources. Du 1er au 3 juin 2025, sous le haut patronage du Roi Mohammed VI, Marrakechaccueillera le Week-end Ibrahim de la Gouvernance, un moment charnière qui redéfinira la stratégie financière du continent.
Le Maroc à l’avant-garde de la transformation financière de l’Afrique
Le choix du Maroc pour accueillir ce forum n’a pas été vain. Le Royaume, qui détient plus de 67% des réserves mondiales de phosphate, est aujourd’hui un acteur central de la sécurité alimentaire mondialeet adopte un modèle de développement basé sur l’exploitation des ressources et la stimulation des investissements locaux et internationaux.
Dans un rapport intitulé « Faits et chiffres 2025 : Financer l’Afrique que nous voulons » La Fondation Mo Ibrahim a révélé des chiffres choquants qui soulignent la nécessité d’une transformation : Le continent africain génère 920 milliards de dollars de ressources internes par an, mais perd 940 milliards de dollars en raison de la dette et des transferts de capitaux illicites. Une formule qui souligne l’ampleur de l’hémorragie financière, mais qui révèle aussi d’énormes opportunités si elles sont correctement exploitées.
La fin de la dépendance
Le rapport souligne que l’Afrique ne peut plus se permettre de maintenir le modèle de dépendance à l’égard de l’aide étrangère, en particulier à la lumière des réductions sévères de l’aide : Les États-Unis ont gelé leur aide pendant 90 jours à partir de 2025, l’Allemagne a réduit son aide de 3 milliards d’euros, la France de 1,2 milliard d’euros et le Royaume-Uni a réduit ses engagements de 6,5 %.
Bien que l’Afrique ne contribue qu’à hauteur de 3 % aux émissions mondiales, elle a besoin de 190 milliards de dollars par an pour lutter contre le changement climatique. Les enjeux sont importants pour Stimuler le secteur privé, mobiliser les richesses locales africaines et promouvoir la finance durable. .
Richesse inexploitée
Le continent africain est riche en ressources, mais il les exporte brutes et non transformées. Le rapport note que l’Afrique détient 78 % des réserves mondiales de palladium, 68 % des phosphates, 55 % du cobalt et 45 % du chrome. Cependant, les exportations non transformées font perdre au continent une énorme valeur ajoutée. Par exemple, le prix d’une tonne de bauxite brute ne dépasse pas 65 dollars, alors qu’il excède 2 300 dollars une fois transformée en aluminium.
Agriculture et dépendance alimentaire
Bien qu’elle dispose de 65 % des terres arables inutilisées dans le monde, l’Afrique dépense encore 78 milliards de dollars par an pour importer des denrées alimentaires, avec un taux de gaspillage atteignant 50 % en raison de chaînes du froid et d’infrastructures insuffisantes. En Afrique subsaharienne, seuls 3 % de la production agricole sont réfrigérés au premier kilomètre.
Un défi démographique sans précédent
D’ici 2100, la part de l’Afrique dans la population mondiale atteindra 3,8 milliards (37,5 %), ce qui signifie que 20 millions d’emplois devront être créés chaque année, selon un rapport des Nations unies. Ces chiffres reflètent le besoin urgent d’une économie africaine basée sur Industrialisation, innovation et investissement dans le capital humain .
Feuille de route pour la souveraineté financière
Le Forum Ibrahim 2025 de Marrakech s’est concentré sur quatre thèmes principaux : Financer « l’Afrique que nous voulons », maximiser les recettes nationales, réformer le système de financement mondial et attirer les capitaux privés. Avec la participation de personnalités influentes telles que Moussa Faki Mahamatet David Lamy, le forum cherche à cristalliser une position africaine unifiée qui sera présentée lors de la conférence internationale de Séville sur le financement du développement en juillet.
Le Maroc ouvre la voie à la libéralisation financière
Au centre de ces transformations, le Maroc s’impose comme un modèle régional ambitieux qui estime qu’il est temps de dépasser l’aide et la dépendance. La crise actuelle n’est pas une fin, mais plutôt le début d’une opportunité historique pour l’ Afrique de construire sa souveraineté financière et de poser les premiers jalons d’une véritable indépendance économique.