Les médecins du secteur privé demandent des incitations avant d’adopter l' »e-paper ».

Le ministère de la santé et de la protection sociale s’oriente vers l’adoption d’une feuille de soins électronique dans le cadre d’un plan national visant à numériser les services médicaux, à faciliter l’accès aux traitements et à assurer la transparence dans la gestion des dossiers de santé.
Toutefois, ce projet de réforme a suscité des réserves de la part des médecins du secteur privé, qui ont souligné la nécessité de les impliquer et de leur offrir des incitations financières avant sa mise en œuvre officielle.
Médecins : Pas d’objection à la numérisation, mais avec des conditions
Moulay Said Afif, président du Syndicat national des spécialistes du secteur privé, a déclaré que les syndicats médicaux « accueillent favorablement le principe de la numérisation », mais rejettent la version actuelle du projet parce qu’elle « impose des charges supplémentaires sans aucun avantage ».
« La mise en œuvre de la feuille de soins électronique nécessite une nouvelle formation, l’acquisition d’un équipement numérique et une connexion permanente à l’internet », a-t-il déclaré, notant que la Caisse nationale de sécurité sociale bénéficiera financièrement du projet, tandis que le médecin devra faire face à de nouveaux coûts.
Les médecins ont demandé des incitations fiscales et une réduction des cotisations d’assurance maladie, ainsi que la mise à jour du tarif médical de référence, qui n’a pas changé depuis 2006, arguant que « le médecin supporte aujourd’hui plus de 60 % des coûts, alors que dans des pays comme la France, ce sont les institutions d’assurance qui en assument la plus grande part ».
Les syndicats ont également appelé à l’établissement d’un véritable partenariat entre les secteurs public et privé pour remédier à la pénurie de personnel médical, notant qu’ils ont demandé à plusieurs reprises une réunion avec le ministre Amin Tahraoui sans aucune réponse jusqu’à présent.
Les experts : Un pas vers la modernisation nécessite l’implication de tous
Pour sa part, Taieb Hamdi, médecin et chercheur en politique de santé, a décrit l’e-paper comme « une étape charnière dans la modernisation du système de santé marocain », expliquant qu’il est lié au projet de dossier médical commun du patient, ce qui permet un suivi numérique précis du parcours de soins.
Le système permettra au patient d’obtenir facilement une indemnisation sans devoir transférer des dossiers papier entre le médecin, le pharmacien et le laboratoire, puisque les données seront automatiquement transférées aux caisses d’assurance, ce qui accélérera les procédures administratives et assurera une plus grande transparence dans le traitement des dossiers.
Il a toutefois souligné que la réussite du projet dépendait de l’implication des médecins, des pharmaciens et des cliniques privées dès le début, de l’apport d’un soutien technique et de la protection des données personnelles des patients :
« La réforme ne peut réussir sans inciter les professionnels, et les projets lancés d’en haut sans consultation sont voués à l’échec ».



