Mays risque 7 ans de prison au Maroc : De la célébrité du rap à la chute judiciaire

Le rappeur franco-marocain Mace, de son vrai nom Walid Georgi, se trouve aujourd’hui au cœur d’une tempête judiciaire sans précédent dans sa carrière, après qu’un lourd jugement a été rendu à son encontre au Maroc, parallèlement à des dossiers ouverts en France et à un mandat de recherche international, mettant en jeu son avenir artistique et professionnel.
Lourd jugement à Tanger pour des accusations graves
Mays a été arrêté en janvier 2025 à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, peu après avoir atterri d’un avion privé, et a ensuite été traduit devant la justice marocaine. La Chambre criminelle de première instance du tribunal de Tanger l’a condamné à sept ans de prison, dans un verdict rendu dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 novembre.
La justice marocaine lui reproche d’avoir orchestré une opération de « vengeance » liée à un litige financier, qu’il aurait planifiée depuis l’étranger. Selon le dossier, l’artiste était basé à Dubaï à l’époque et est soupçonné d’avoir organisé l’enlèvement et la détention d’un homme avec lequel il avait un différend sur les recettes de ses concerts.
Opération de vengeance déjouée à la dernière minute
Les enquêtes indiquent que Mayes a communiqué avec un chef supposé d’un groupe opérant dans la ville de Fès pour mettre au point un plan visant à attirer la victime, à l’enlever et à la torturer à Marrakech. Une réunion préparatoire s’est tenue à Tanger pour finaliser les détails de l’opération.
Le plan d’attaque a cependant été déjoué à la dernière minute, grâce à l’intervention des autorités policières, qui ont réussi à arrêter les suspects alors qu’ils s’apprêtaient à intercepter la victime au moment où elle sortait de sa voiture.
Les enquêtes menées par la police judiciaire nationale ont révélé le rôle central de l’un des auteurs, le propriétaire d’un café à chicha, décrit comme un lien entre un certain nombre de contrebandiers. Des images d’armes et de grandes quantités de haschisch ont été trouvées sur son téléphone, renforçant le soupçon qu’il était impliqué dans de multiples activités criminelles.
Les charges retenues contre les accusés dans le dossier sont très lourdes : Tentative de meurtre, enlèvement et séquestration, et constitution d’une bande criminelle.
Poursuivi en France avant sa chute au Maroc
Cette affaire vient s’ajouter à un casier judiciaire déjà bien rempli. En juin 2024, Mays a été condamné en France à dix mois de prison et à une amende de 10 000 euros, mais il ne s’est pas présenté au tribunal.
Alors qu’il vivait à Dubaï avec sa famille, un mandat de recherche international a été lancé contre lui, jusqu’à ce que les autorités marocaines mettent fin à sa cavale en l’arrêtant à l’aéroport Mohammed V. Ce moment a marqué un tournant décisif dans sa trajectoire. Ce moment marque un tournant décisif dans sa trajectoire, puisqu’il passe du statut de fugitif à celui d’arrêté puis de poursuivi.
La défense nie les accusations… et un verdict implacable
Devant le tribunal de Tanger, Mays a nié toutes les charges retenues contre lui. Son équipe de défense a fait valoir que le dossier manquait de preuves directes le reliant aux autres accusés, en particulier à Morad L., qui est présenté comme le chef du réseau.
Malgré ces moyens de défense, le tribunal a choisi d’adopter la version présentée par le ministère public et les enquêtes de sécurité, et a confirmé la condamnation du rappeur.
Dans les peines prononcées à l’encontre des autres accusés, Murad L. a été condamné à dix ans d’emprisonnement. Tarek L. a été condamné à dix ans de prison, Tarek L. a été condamné à sept ans et quatre autres accusés ont été condamnés à cinq ans chacun. Quatre autres accusés ont été condamnés à cinq ans de prison chacun. Quatre autres accusés ont été condamnés à un an de prison avec sursis et à une amende de 1 000 dirhams.
De lourdes amendes douanières … et Mays est hors champ
Sur le plan civil, le tribunal a décidé de condamner trois des défendeurs, Morad L., Abdelghani S. et Tarek L., à une amende commune de 23,6 millions de dirhams, soit environ 2,2 millions d’euros, pour les préjudices financiers liés à l’affaire.
Cette amende n’inclut pas Maes lui-même, mais elle met en évidence la dimension économique de l’affaire et la complexité des enchevêtrements entre la criminalité organisée et la finance.
Du succès du rap à la spirale de la violence et des menaces
Le jugement au Maroc est l’aboutissement d’une trajectoire complexe de tensions et de menaces dans la vie de l’artiste. En 2020, Mays est à son apogée, troisième rappeur le plus écouté en France et star adulée par une grande partie de la jeunesse marocaine.
Cependant, une enquête intitulée « L’Empire : au cœur du rap français » trace une trajectoire différente : Le tournant, selon l’enquête, se situe dans la ville de Sevran, en Seine-Saint-Denis, où, selon des témoignages contradictoires, Maes aurait fait l’objet de tentatives d’extorsion de la part de personnes désireuses de partager une partie de son succès commercial.
Après son refus d’obtempérer, il aurait répondu par la force et les armes, ce qui a fait monter la tension et conduit à des échanges de coups de feu. Face à l’escalade du danger, il a décidé de quitter la France et de s’installer à Dubaï, dans l’espoir d’échapper au cycle des conflits.
Mais l’exil ne lui assure pas une sécurité totale. Lors d’une de ses visites en France, son directeur commercial a été tué dans un assassinat dont les circonstances sont encore sujettes à de nombreuses interrogations. Cet assassinat a peut-être marqué un tournant, mais à ce jour, il n’existe aucune preuve publique concluante que Maes ait personnellement ordonné des représailles.
Protéger la nationalité et être obsédé par l’avenir du pouvoir judiciaire
Dans le contexte juridique marocain, la nationalité marocaine de Mays est un obstacle à son extradition vers la France, car l’extradition de citoyens vers des autorités étrangères n’est généralement pas autorisée. Ainsi, son principal dossier judiciaire est actuellement entre les mains de la justice marocaine.
Sur le plan de la procédure, il peut encore se pourvoir en cassation pour contester le jugement de première instance, mais compte tenu de la gravité des faits qui lui sont reprochés et de son rôle présumé dans la direction de l’opération, les chances d’obtenir une peine moins lourde semblent limitées, d’après les évaluations juridiques.
Une chute retentissante pour une star de premier plan
Entre le monde des projecteurs et des fêtes bondées d’une part, et les salles d’audience et les murs de la prison d’autre part, Mayes a vécu l’un des changements les plus spectaculaires dans la trajectoire d’un artiste de rap francophone.
D’une étoile montante qui s’est imposée sur les plateformes numériques et sur le devant de la scène artistique, à un prisonnier dans un établissement pénitentiaire marocain pour une affaire aux dimensions criminelles complexes, il est aujourd’hui confronté à des conséquences judiciaires, financières et artistiques qui risquent d’être difficiles à rectifier.
Quelle que soit la suite de cette affaire, la carrière de Mace ne sera plus jamais la même, car le monde de la musique, de la violence, du crime organisé et des enjeux judiciaires transfrontaliers ont été mêlés.

