Santé

Prix des médicaments : Les pharmaciens protestent dans la rue contre les coupes budgétaires du gouvernement

Manifestation des pharmaciens le 9 septembre

Les pharmaciens marocains se préparent à descendre dans la rue le 9 septembre 2025, pour protester contre le projet de réforme du prix des médicaments que le gouvernement cherche à imposer sans concertation suffisante avec les professionnels. Pour eux, ce projet est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, dans un contexte de crise qui menace la pérennité de la profession de pharmacien au Maroc. Derrière le rejet du décret de réforme, il y a un cri pour sauver un secteur qui cumule les défis.

Tension et anxiété chez les pharmaciens

Lors d’une conversation téléphonique, Mohamed Lahbabi, président de la Confédération nationale des syndicats de pharmaciens du Maroc, semble tendu. « Je sors d’une réunion et j’en prépare une autre dans quelques minutes », s’excuse-t-il. Mais il ajoute fermement : « Il ne s’agit pas d’un simple mouvement de protestation : « Il ne s’agit pas d’un simple mouvement de protestation, mais d’une prise de conscience pour sauver notre profession ». Lahbabi est à la tête d’un mouvement qu’il qualifie de « décisif » pour assurer la survie du secteur. « La question va au-delà du prix des médicaments, c’est une véritable crise », explique-t-il.

Mécontentement du public face à la hausse des prix

Sur les médias sociaux, des messages reflétant le mécontentement des citoyens à l’égard des prix des produits pharmaceutiques circulent en permanence. Des photos de factures de pharmacies et des commentaires de colère tels que : « Un médicament qui coûte 4800 dirhams ici alors qu’il coûte 900 dirhams à Istanbul ! « Un médicament qui coûte 4800 dirhams ici, alors qu’il coûte 900 dirhams à Istanbul ! » Ils soulèvent des questions sur les grandes différences de prix pour un même produit par rapport à des pays comme la Turquie et l’Espagne. Ces messages n’expriment pas seulement la colère des patients, mais ébranlent également la confiance dans l’ensemble du système de santé.

La dure réalité des pharmacies

Dans les pharmacies de quartier, les pharmaciens sont confrontés à des pressions quotidiennes. « Certains patients réduisent leurs doses ou arrêtent leur traitement parce qu’ils n’en ont pas les moyens », explique un pharmacien de Fès. Cette adaptation silencieuse comporte de graves risques pour la santé, certains ayant recours aux marchés parallèles ou à la contrefaçon de médicaments en ligne, ce qui ne fait qu’aggraver la crise.

Une réforme gouvernementale controversée

En mai 2025, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a annoncé une réforme « profonde » du système de fixation des prix des médicaments, dans le but d’améliorer l’accès aux traitements dans le cadre de l’universalisation de la couverture médicale obligatoire. Lors d’une séance à la Chambre des représentants, le ministre a souligné qu’il s’agit de « garantir un accès équitable, durable et sûr aux médicaments ». Cependant, les pharmaciens voient dans cette réforme une façade technique qui cache de graves répercussions.

Liste des nouveaux médicaments

Le ministre a approuvé une liste de 33 médicaments (génériques et biosimilaires) à prix réduits, dont des traitements contre le cancer, les maladies cardiaques, l’asthme et des troubles hémorragiques rares. Toutefois, les pharmaciens critiquent le fait que les médicaments à bas prix, qui constituent l’épine dorsale de l’équilibre financier des pharmacies, soient privilégiés par rapport aux médicaments onéreux.

Inquiétudes concernant le retrait des laboratoires

Une étude réalisée par Southbridge à la demande du ministère a révélé que 157 médicaments dont le prix est supérieur à 3 000 Dh représentent 57 % des remboursements de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Lahbabi déclare : « Ce sont ces médicaments coûteux qui devraient être ciblés, mais le ministère préfère baisser les prix des médicaments bon marché, ce qui menace la stabilité du marché. » Les pharmaciens craignent que cela n’entraîne le retrait des laboratoires pharmaceutiques du marché marocain, comme c’est le cas avec les pénuries récurrentes de médicaments depuis des années.

Crise quotidienne dans les pharmacies

Les pharmaciens sont soumis à une pression croissante : Pénuries de médicaments, augmentation des coûts opérationnels et pression croissante des patients. Nous sommes le bouclier d’un système de santé qui s’effondre », déclare Lahbabi, qui ajoute : « Lorsqu’un médicament est en rupture de stock, c’est nous qui sommes confrontés à l’angoisse du patient : « Lorsqu’un médicament est en rupture de stock, c’est nous qui sommes confrontés à l’anxiété du patient. Quand le prix augmente, c’est nous qui sommes tenus pour responsables ». Les pharmaciens exercent leur activité dans un cadre juridique obsolète datant de 1922, rédigé à une époque où il n’y avait que vingt pharmaciens. Lahbabi commente : « Aujourd’hui, nous sommes plus de 40 pharmaciens : « Aujourd’hui, nous sommes plus de 40 000 professionnels, mais ce vieux dahir nous régit toujours, nous exposant à une responsabilité légale pour des actions médicalement raisonnables. »

Les revendications des pharmaciens

Les demandes de la Confédération portent sur plusieurs points essentiels :

  • Reconnaître le droit de substitution.
  • Moderniser le cadre juridique de la profession.
  • Délivrer une liste de médicaments pour les hôpitaux uniquement.
  • Réglementation du marché parallèle des médicaments.

Lahbabi confirme : « Nous avons discuté de ces points au sein d’un comité mixte pendant trois ans, mais rien n’a été fait. « Aujourd’hui, le ministère ignore tout ce travail et va de l’avant avec un projet de décret irréfléchi.

Le sit-in : Un appel à la survie

Le sit-in du 9 septembre est une étape cruciale pour les pharmaciens. Lahbabi prévient : « Si cette réforme passe en l’état, des milliers de pharmacies fermeront, privant des quartiers entiers d’accès aux soins ». Dans son communiqué, la confédération qualifie la situation de « crise sans précédent » qui menace la pérennité du secteur. Lahbabi conclut : « Nous ne sommes pas opposés à une réforme, mais nous demandons une réforme juste, participative et qui prenne en compte la réalité des pharmaciens.

Karim Boukhris

بوقريس كريم صحفي متخصص في كرة القدم، ويملك خبرة تمتد لسبع سنوات في مجال الصحافة الرياضية المغربية. تعاون مع وسائل إعلام مثل "لو ماتان سبور"، "أطلس فوت" و"راديو ماروك سبور"، وينشر تحليلات تكتيكية وتقارير معمقة حول كرة القدم المغربية، مع تركيز خاص على المنتخبات الوطنية.

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