De nouveaux pourparlers directs entre la Russie et l’Ukraine s’ouvrent à Istanbul dans un contexte d’escalade sur le terrain

Un nouveau cycle de négociations directes entre la Russie et l’Ukraine s’ouvre aujourd’hui à Istanbul, dans une nouvelle tentative de trouver une issue diplomatique à la guerre qui dure depuis février 2022, malgré l’escalade des tensions et les attaques mutuelles.
Après une première réunion entre les deux parties le 16 mai dans la capitale économique de la Turquie, qui n’a pas permis de réaliser beaucoup de progrès, à l’exception d’un accord sur un important échange de prisonniers, les délégations russe et ukrainienne retournent à la table de dialogue ce lundi au palais historique de Chiragan, qui surplombe le Bosphore, dans le cadre d’un nouveau cycle qui se déroule dans un contexte d’escalade significative sur le terrain.
Attaque de drone sans précédent
Ces pourparlers font suite à l’une des frappes ukrainiennes les plus audacieuses depuis le début de la guerre : Kiev a lancé une attaque de drones visant quatre bases aériennes militaires à l’intérieur de la Russie, dont l’impact s’est étendu jusqu’en Sibérie. Le service de sécurité ukrainien (SBU) a confirmé que l’attaque avait endommagé des dizaines d’appareils, y compris des bombardiers stratégiques.
Le ministère russe de la défense a annoncé lundi matin avoir abattu 162 drones au cours de la nuit, dont la plupart visaient les régions frontalières de Koursk et de Belgorod.
Délégations et médiations
La délégation russe aux négociations est dirigée par Vladimir Medinsky, conseiller du président russe Vladimir Poutine, qui a déjà présidé des négociations ratées en 2022 et a ensuite rédigé des manuels justifiant l’invasion russe et niant l’existence de l’Ukraine en tant qu’État indépendant.
La partie ukrainienne était dirigée par le ministre de la défense Rustam Omerov, connu pour ses talents de négociateur, bien que son ministère soit confronté à des problèmes de corruption interne.
Des conseillers diplomatiques allemands, français et britanniques prendront part aux discussions, en coordination directe avec la délégation ukrainienne, a déclaré un porte-parole du gouvernement allemand depuis Berlin.
Des termes divergents… et des exigences contradictoires
Les positions des deux parties restent très éloignées. L’Ukraine exige un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » ainsi que le retour des prisonniers et des enfants qu’elle accuse Moscou d’avoir enlevés. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également réitéré son souhait d’une rencontre directe avec son homologue russe Vladimir Poutine, que Moscou a jusqu’à présent rejetée.
M. Zielinski a déclaré : « Nous continuons à préparer de nouvelles mesures diplomatiques en coordination avec nos partenaires européens et américains : « Nous continuons à préparer de nouvelles mesures diplomatiques en coordination avec nos partenaires européens et américains. « Nous sommes en contact quotidien avec tous ceux qui peuvent contribuer à la paix.
La Russie rejette un cessez-le-feu inconditionnel et insiste pour s’attaquer à ce qu’elle appelle les « causes profondes du conflit ». Moscou exige notamment que l’Ukraine renonce à adhérer à l’OTAN et reconnaisse l’annexion par la Russie de cinq régions ukrainiennes, conditions que Kiev rejette catégoriquement.
L’Ukraine exige un retrait complet des forces russes de son territoire, ainsi que de véritables garanties de sécurité soutenues par l’Occident, telles que la protection sous le parapluie de l’OTAN ou la présence de troupes occidentales sur le terrain, ce que la Russie considère comme une menace directe.
L’escalade se poursuit sur le terrain
Malgré l’élan diplomatique, l’escalade reste à l’ordre du jour sur le terrain. L’Ukraine a annoncé qu’elle avait endommagé une quarantaine d’avions russes et causé des pertes estimées à 7 milliards de dollars à la suite de sa dernière attaque, menée par des drones introduits clandestinement en Russie et utilisés pour attaquer des bases militaires.
Entre-temps, les forces russes ont progressé sur le terrain ces derniers jours, en particulier dans la région de Sumy, dans le nord-est de l’Ukraine, ce qui indique que Moscou cherche à créer une zone tampon pour empêcher les attaques ukrainiennes sur son territoire, comme cela s’est produit l’été dernier dans la région voisine de Koursk.
Les négociations d’Istanbul constituent un nouveau test de la capacité de désescalade de la diplomatie, mais elles restent tributaires des équilibres de terrain et des divergences de conditions entre les deux parties.