Le Maroc lance une plateforme nationale pour surveiller la mortalité maternelle et optimiser les soins maternels et néonatals

Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a annoncé, jeudi soir à Rabat, le lancement de la plateforme nationale de surveillance, d’audit et de réponse à la mortalité maternelle (SSDMAR), dans le cadre d’une nouvelle étape visant à renforcer le suivi de la santé maternelle et néonatale et à améliorer la qualité des soins. Ce projet intervient dans un contexte particulier, suite à l’enregistrement d’un certain nombre de décès maternels à Agadir et aux manifestations qui l’ont accompagné en octobre dernier.

Plateforme numérique pour suivre les décès maternels et analyser leurs causes

La plateforme SSDMAR est un mécanisme numérique innovant développé par le ministère pour créer un système structuré de surveillance de tous les décès liés à la grossesse, à l’accouchement et à la période postnatale, tout en collectant et en analysant systématiquement les données afin de prévenir et de réduire les décès évitables.

Cet outil permet :

• Suivi des décès liés à la grossesse, à l’accouchement et au post-partum
• Déterminer les causes profondes du décès
• Suivi des facteurs de risque médicaux, organisationnels et sociaux
• Proposer des actions pratiques et correctives pour minimiser la récurrence de cas similaires et améliorer la qualité du parcours de soins.

Déclaration du ministre : Une nouvelle étape dans la réforme du système de santé

Lors de la cérémonie officielle de lancement, le ministre de la santé et de la protection sociale, Amine Tahraoui, a souligné que cette plateforme s’inscrivait dans le cadre d’une vision plus large visant à réformer le système de santé national grâce à un système intégré de surveillance de la santé de la mère et du nouveau-né.

« Le système national de surveillance de la santé maternelle et néonatale (SSMAR) représente une nouvelle phase de la réforme du système national. Il reflète l’engagement du ministère à développer des mécanismes modernes pour améliorer les performances des établissements de santé dans toutes les régions ».

Il a souligné que cet outil vise principalement à protéger la vie des mères et des nouveau-nés, en permettant au ministère et aux autres parties prenantes d’analyser les parcours de soins, de surveiller les déséquilibres existants et de suivre la mise en œuvre des recommandations et des actions correctives aux niveaux régional et national.

Tahraoui a expliqué que la mise en œuvre de la plateforme se fera progressivement, avec des sessions de formation pour les professionnels de santé chargés de la saisie et de l’utilisation des données, ainsi que des dispositions strictes pour protéger les données personnelles et assurer la confidentialité des dossiers.

Les indicateurs s’améliorent… mais des défis subsistent

Selon les données du ministère de la santé, le taux de mortalité maternelle s’est considérablement amélioré ces dernières années, passant de 112 décès à 72,6 pour 100 000 naissances vivantes entre 2010 et 2018. Le taux de mortalité néonatale est passé de 21,7 à 13,6 pour 1 000 naissances vivantes au cours de la même période.

Malgré ces progrès, le ministère souligne que la réduction des décès évitables reste un chantier stratégique ouvert et nécessite :

• Plus de coordination entre les différents acteurs du secteur de la santé
• Mobiliser les ressources humaines et matérielles, en particulier dans les zones fragiles et reculées
• Améliorer la qualité des soins tout au long de la grossesse, de l’accouchement et des soins postnatals
• Utiliser les données fournies par la nouvelle plateforme pour orienter les politiques et les programmes sur la base de preuves et de données précises

Le ministère de la santé et de la protection sociale espère que la plateforme nationale de suivi, d’audit et de réponse aux décès maternels transformera chaque décès maternel en une leçon pratique pour améliorer le système, en soutenant le droit à des soins sûrs et de qualité pour chaque femme et chaque enfant au Maroc.