Le secteur avicole marocain sous la pression du changement climatique

Les prix de la volaille chutent, les éleveurs se plaignent de pertes
L’aviculture au Maroc est un secteur vital qui contribue de manière significative à la sécurité alimentaire nationale, mais qui a récemment souffert des effets du changement climatique, qui menacent sa durabilité. Les éleveurs subissent des vagues de chaleur sans précédent qui affectent directement leur production, ce qui représente un défi majeur pour le secteur, qui aspire à renforcer son autosuffisance et à élargir ses marchés d’ici à 2030.
Impact du changement climatique sur la production
L’aviculture a longtemps été l’un des principaux piliers du secteur agricole dans le cadre du Maroc Vert, obtenant des succès remarquables grâce à la production annuelle de 745 000 tonnes de viande blanche et de plus de 5 milliards d’œufs. Cependant, ce succès est menacé, notamment par les changements climatiques de plus en plus sévères, qui mettent en péril la production, surtout à la lumière de la forte dépendance à l’égard des importations de matières premières essentielles.
Cette année, le secteur est confronté à des défis importants en raison des températures élevées qui ont commencé plus tôt et duré plus longtemps que prévu. Ces vagues de chaleur ont eu un impact significatif sur la production, avec des taux de mortalité des volailles dépassant 30 % dans certaines exploitations et allant jusqu’à 50 % dans les zones les plus chaudes.
Pressions sur les prix et les marchés
Après une baisse des prix due à une offre excédentaire sur le marché, la situation s’est transformée en une hausse significative des prix en raison d’une demande accrue, notamment de la part des Marocains expatriés à l’étranger, de l’augmentation de l’activité touristique en été et de l’abondance des fêtes familiales. Cette hausse des prix devrait se poursuivre tout au long de l’été.
Mais les défis climatiques ne sont pas les seuls auxquels le secteur est confronté. L’agriculture dépend également de l’importation d’ingrédients vitaux tels que le maïs et les fèves de soja, qui sont des composants essentiels de l’alimentation des volailles. Les fluctuations mondiales des prix de ces produits ont un impact significatif sur la rentabilité des exploitations, en particulier pour les petites et moyennes exploitations qui sont mal équipées pour atténuer les effets de ces chocs.
Orientation future et stratégies de développement
Malgré ces difficultés, le secteur avicole marocain poursuit des plans ambitieux pour l’avenir. Grâce à la stratégie « Génération verte 2020-2030 », le secteur vise à atteindre un million de tonnes de viande blanche par an, à augmenter le chiffre d’affaires à 50 milliards de dirhams et à créer 140 000 nouveaux emplois. L’exportation vers de nouveaux marchés en Afrique, en particulier les produits carnés transformés tels que les saucisses, fait également partie des priorités futures.
Pour réaliser ces ambitions, il est nécessaire de moderniser rapidement l’infrastructure des élevages de volailles, d’accroître la capacité du secteur à contrôler la chaîne du froid et de populariser les technologies de climatisation dans les élevages. En l’absence de ces améliorations, la production dépendante du climat pourrait compromettre l’objectif d’autosuffisance nationale et limiter les possibilités d’expansion sur les marchés mondiaux.