Économie et affaires

L’insistance des professionnels à payer en espèces entrave la promotion des paiements électroniques au Maroc

A l’heure où le Royaume du Maroc connaît une transformation numérique accélérée, les secteurs du commerce et des services souffrent de la réticence de nombreux professionnels à adopter les paiements électroniques, malgré les appels officiels constants à encourager le paiement par carte bancaire. Alors que le Maroc cherche à promouvoir l’inclusion financière et la numérisation des transactions financières, certains commerçants, cafetiers et restaurateurs s’obstinent à refuser d’utiliser ces moyens numériques, entravant les efforts de l’Etat et posant des défis au citoyen.

Le rejet technologique : Une cause majeure de goulets d’étranglement
De nombreux citoyens éprouvent des difficultés à traiter avec les magasins et les services qui refusent d’accepter les paiements électroniques, invoquant le « manque de préparation » ou « l’incompatibilité des systèmes » avec les moyens numériques. Ce phénomène s’aggrave à un moment où les chiffres publiés par la Banque du Maroc montrent une augmentation de 8 % de la dépendance à l’égard des paiements en espèces, ce qui menace la réalisation des objectifs nationaux liés à l’inclusion financière et à la réduction de la dépendance à l’égard de l’argent liquide.

Craintes des professionnels quant à l’impact fiscal
En ce qui concerne les raisons de l’insistance à payer en espèces, les experts attribuent cette situation à la crainte de certains professionnels quant à l’impact négatif des paiements électroniques sur la perception de leurs impôts. Jawad Esri, professeur de finance à l’Université Hassan II, a souligné que les transactions en espèces offrent aux entreprises la possibilité d’échapper à l’impôt, car les paiements en espèces ne sont pas documentés. Il a ajouté que les transactions électroniques peuvent révéler le nombre réel de transactions, ce qui aide les autorités locales à calculer les impôts avec plus de précision, contribuant ainsi à améliorer le respect des obligations fiscales.

Protestations contre le refus du paiement électronique
Noureddine Hammanou, président de l’Association marocaine de protection des consommateurs, a exprimé sa consternation face au refus de certains magasins d’accepter le paiement par carte bancaire sans fournir de raisons juridiques ou logistiques convaincantes. Ce comportement constitue une violation des droits des consommateurs et va à l’encontre des politiques de l’État visant à encourager les paiements électroniques dans le cadre du processus de transformation numérique, a-t-il déclaré. M. Hamano a appelé les professionnels à s’engager dans cette transformation numérique, qui vise à fournir de multiples méthodes de paiement au bénéfice des consommateurs.

Défis fiscaux
Pour sa part, Noureddine El Horak, président de l’Association nationale des propriétaires de cafés et restaurants au Maroc, a noté que la réticence des professionnels à utiliser le paiement électronique est due à des préoccupations liées au mécanisme de calcul des taxes. Les organisations, en particulier les cafés qui offrent des services à bas prix, peuvent trouver difficile de s’adapter aux dispositifs de paiement électronique (TPE) qui permettent un suivi précis des transactions, a-t-il dit. Les réunions avec le ministère de l’économie et des finances se concentrent sur la nécessité d’adapter le système fiscal à la transformation numérique pour atténuer ces défis, a-t-il déclaré.

Conclusion
Malgré les appels constants du gouvernement marocain à universaliser les paiements électroniques, de nombreux professionnels se heurtent encore à une résistance à la transformation numérique en raison de la crainte d’affecter leur collecte fiscale et de l’absence de mécanismes juridiques clairs. Cependant. Les discussions en cours avec les agences gouvernementales devraient accélérer le rythme du changement et éliminer les obstacles à la numérisation dans le secteur des transactions financières.

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