Le mariage TikTok au Maroc : une controverse généralisée Mise en garde contre la dénaturation du concept de famille

Le phénomène connu sous le nom de « mariage TikTok » a suscité une controverse croissante au Maroc, où les diffusions en direct sur la plateforme se sont transformées en scènes voyantes qui exploitent superficiellement le symbolisme du mariage, ce qui a incité les associations et les militants des droits de l’homme à mettre en garde contre le danger de tels comportements pour la stabilité de la famille et les valeurs de la société.
Selon les observateurs, ces émissions se présentent sous la forme de demandes en mariage instantanées, qui utilisent des références religieuses hors contexte et réduisent la relation conjugale à des moments de divertissement qui ne sont pas dignes du caractère sacré de ce lien. L’Association « Ajyal Al Ghad » a exprimé sa vive préoccupation face à ces pratiques, les décrivant comme vidant l’institution du mariage de sa dimension humaine, psychologique et sociale, notant que la promotion de concepts tels que le « mariage instantané » et les « rencontres par téléphone » menace la cohésion de la famille marocaine et déforme l’image de la femme et de l’homme.
Les plates-formes religieuses sont en ligne
L’une des choses les plus dangereuses que l’association a observées est l’implication de certains noms qui avaient une présence dans les conseils religieux dans la fourniture de contenu sur TikTok qui donne l’illusion de la légitimité religieuse du soi-disant « mariage halal », dans une confusion entre le plaidoyer et le divertissement, perpétuant un dangereux chaos en matière de connaissances et de valeurs, selon la déclaration.
L’association souligne que les groupes qui participent à ces émissions ne sont pas seulement des jeunes ou des adolescents, mais aussi des adultes qui ont vécu des expériences familiales complexes, comme les divorcés et les veuves, qui étaient censés être des modèles de sensibilisation sociale, mais qui ont glissé vers des pratiques qui commercialisent le mariage comme un produit de consommation.
Catégories fragiles et perceptions réduites
Bien qu’une grande partie du public de ces émissions soit composée de jeunes, ceux-ci constituent, selon l’association, le groupe le plus vulnérable et le plus influencé, qui les regardent en silence et remodèlent leur perception du mariage et de la famille à travers des contenus dépourvus de profondeur et de responsabilité.
Le phénomène s’étend également aux membres de la communauté marocaine vivant à l’étranger, qui participent à ces spectacles soit en tant que spectateurs, soit en tant que participants directs, ce qui reflète la propagation des comportements numériques interculturels et révèle la fragilité de certaines perceptions du concept de mariage dans les environnements de diaspora.
De la prédication au divertissement numérique
L’association estime que le danger du phénomène réside dans la transformation du mariage en un objet de spectacle, enveloppé dans un vêtement religieux superficiel, loin de tout encadrement cognitif ou moral. Elle a souligné que les tentatives précédentes sur des plateformes telles que YouTube étaient plus disciplinées, mais ne descendaient pas dans ce qu’elle a décrit comme un « spectacle éhonté » qui vide le mariage de son symbolisme.
Appel à la légalisation des contenus et à l’éducation numérique
Hamid al-Nawali, membre de l’association Ajyal al-Ghad, a décrit ce qui se passe dans certaines de ces émissions comme une « vente aux enchères publique » dans laquelle la dignité des femmes est bafouée et la religion est utilisée à des fins promotionnelles. L’association a surveillé des contenus qui font allusion au mariage forcé ou à la polygamie sans aucune discussion responsable, a-t-il déclaré, ce qui constitue une menace pour l’équilibre psychologique et les valeurs des jeunes.
Nawali a souligné la nécessité d’accélérer l’intégration de l’éducation numérique dans le système éducatif, appelant l’État et les plateformes numériques à adopter des mécanismes de censure stricts et à limiter la diffusion de contenus qui portent atteinte à l’institution de la famille. Il a également révélé que l’association prépare un rapport détaillé sur le phénomène, y compris des cas documentés qui seront soumis aux autorités compétentes.
Chercheurs : TikTok modifie les relations en fonction de l’instant présent
Pour sa part, le chercheur en sociologie numérique Mounir Hallaj estime que le « mariage TikTok » n’est pas seulement une aberration individuelle, mais l’expression d’un changement structurel dans la formation des relations sociales à l’ère numérique, où le moment interactif est devenu le critère d’attachement, et où les significations accumulées telles que l’engagement et la compréhension sont absentes.
Al-Hallaj a ajouté que les plateformes comme TikTok encouragent la présentation de soi, non pas comme un outil de communication, mais comme un moyen d’obtenir l’acceptation et l’attention, transformant le mariage en une relation superficielle qui manque de profondeur et qui est construite sur des vues et des tendances, plutôt que sur la vie privée et la conscience partagée.
Il a souligné que ce qui est présenté dans ces émissions contribue à démanteler le symbolisme du mariage et à le vider de son contenu émotionnel et social, car les valeurs fondamentales telles que la responsabilité et la compréhension sont subordonnées à la visibilité, à l’apparence et au nombre d’adeptes, ce qui perpétue une culture consumériste des relations humaines.
Le chercheur a conclu sa déclaration en mettant en garde contre la nécessité de développer des cadres culturels et législatifs qui réglementent ce type d’interaction numérique, en particulier lorsqu’elle implique des institutions sensibles telles que la famille, soulignant que la sous-estimation de ces changements peut entraîner de graves conséquences éducatives et sociétales.