Culture et société

Achoura au Maroc : Les traditions judéo-amazighes font revivre des rituels uniques à Guelmima

Au Maroc, les rituels de célébration de l’Achoura varient d’une région à l’autre, mais certaines régions se distinguent par l’influence de l’ancien héritage judéo-amazigh, en particulier dans des zones telles que Kalima, dans la région de Rachidia, où des célébrations particulières sont organisées, avec en point d’orgue le carnaval « Bougfous », une tradition populaire profondément enracinée dans l’histoire.

Les racines historiques de l’Achoura

À l’origine, l’Achoura coïncide avec le Yom Kippour dans la religion juive, qui correspond au dixième jour du mois de Tishri, le septième dans le calendrier hébraïque. Selon les récits islamiques, le prophète Mahomet, à son arrivée à Médine, a rencontré des juifs qui jeûnaient ce jour-là. On lui a dit que c’était le jour où Dieu avait sauvé Moïse de Pharaon, et il a donc exhorté les musulmans à jeûner ce jour-là, et plus tard, il a distingué les neuvième et dixième jours de Muharram.

Au fil du temps, les dimensions religieuses se sont superposées aux célébrations populaires et folkloriques, en particulier dans les régions du Maroc qui abritaient d’importantes communautés juives, telles que Guelmimah, ce qui a conduit à l’émergence de rituels uniques qui immortalisent l’Achoura avec un esprit artistique et social particulier.

« Bogfoss »… Carnaval du patrimoine juif et amazigh

Kalima célèbre une tradition annuelle connue sous le nom de Bougfous ou Ouday n Ta’chort (signifiant « le Juif de l’Achoura »), un carnaval populaire inspiré des pratiques des Juifs amazighs. Les participants portent des masques en feuilles de palmier ou en peau de mouton, ou se couvrent le visage de noir (aqfos), d’où le nom de « Bogfos ».

Selon le chercheur Mouha Ostouh, ces rituels découlent de l’influence d’une forte communauté juive qui a habité la région, et sont restés présents à travers les générations grâce à leur contribution à la vie culturelle locale.

Des troupes d’art traditionnel parcourent les allées des palais et les grandes places, interprétant des rôles théâtraux et des personnages caricaturaux tels que le « rabbin » ou le « vieillard », accompagnés de chants amazighs au ton local avec une nette influence juive, dans une atmosphère pleine de joie, de rires et de participation collective.

Table de l’Achoura et engagement communautaire

Les célébrations ne se limitent pas au carnaval, mais comprennent également la préparation des repas traditionnels de l’Achoura, notamment :

  • Couscous aux légumes et au bacon (tavska) du sacrifice de l’Aïd al-Adha.
  • Crudas: Collection d’entrailles séchées.
  • Des fruits secs tels que des dattes et des amandes, offerts par des mères à de jeunes enfants déguisés, dans une scène qui rappelle les rituels d’Halloween dans la culture occidentale.

Les dons des participants sont collectés et utilisés pour préparer un dîner commun qui sera partagé par les familles locales, reflétant l’esprit de solidarité et de célébration collective qui caractérise cette tradition depuis des décennies.

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